« VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT » (1)
BORN TO RIDE 2014 – Prologue LE PUY – ALÈS (15/16 mars 2014)
« Ça commence, comme un rêve d’enfant, on
croit que c’est dimanche et que c’est le printemps » (2) mais c’est encore
l’hiver à l’heure de s’élancer ce samedi 15 mars et les hautes terres cévenoles
sauront nous le rappeler, sans ménagement.
Après les épisodes entre Marseille
et La Rochelle d’avril 2012 et entre Paris et Calais d’avril 2013, c’est en
mode « Prologue » que se poursuit la saga BORN TO RIDE en cette fin de
premier trimestre 2014. Après plusieurs semaines à rêver tel un enfant de ce
Voyage avec un Fixie dans les Cévennes (3), me voilà à 08H30 sur le quai de la
gare SNCF d’Alès-en-Cévennes avec pour seul bagage un sac de messager Made in
USA (Citizen Messenger Bag by Chrome) et un âne d’acier à pignon fixe de race
BIANCHI Pista en guise de « Modestine » (3). 8H46, les trois voitures
du TER diesel aux couleurs de la Région Languedoc Roussillon débutent leur
longue ascension à destination de la capitale auvergnate Clermont-Ferrand.
Mon
BIANCHI à robe blanche immaculée a trouvé place, pendu dans la dernière
voiture. Deux stickers « LE PUY – ALES / la Stevenson » ont été
fièrement positionné sur le cadre de mon compagnon de route et leur vue suffit
à me mettre la pression : « Vais-je tenir la distance et plus encore
le dénivelé ? ». Il faut dire que l’opus 2014 du BORN TO RIDE étant
annoncé pour l’été (12/13/14 juillet) en « hors-catégorie » (EVIAN
> NICE ou une traversée des Alpes de quelques 680 KM et 20 000 M de
dénivelé), son prologue ne pouvait être une simple promenade du dimanche… J’ai bien les chiffres en tête : 266 KM
et +4889 M. Comme l’on dit, ça calme, surtout pour moi qui n’ait jamais fait
plus de 170 KM non-stop à pignon fixe et dont la dernière longue sortie (en
triple ! – UTMV Southman 2013) s’est terminée plus tôt que prévue à 155 KM
au lieu des 188 prévus… ça calme aussi lorsque l’on sait qu’au même moment, le
strasbourgeois Simon Kirscher* s’apprête à son tour à prendre le train depuis
Clermont-Ferrand en direction du Puy-en-Velay et que le Seigneur local, Thierry
Saint-Léger**, nous rejoindra en soirée à La Bastide Saint-Laurent. Fin
janvier, j’ai vu ces deux-là escalader sans difficulté le versant Sud du Géant
de Provence (4) et j’aurai bien eu de la peine à les suivre…
Après les brèves haltes successives en terres reculées, je quitte l’omnibus
sang & or en gare de Langogne pour une correspondance par minibus à
destination de la gare SNCF du Puy-en-Velay.
BIANCHI et son bât (Citizen de CHROME) trouvent place dans le coffre du Mercedes et je m’assieds non loin d’eux pour une dernière heure d’itinéraire de regroupement. Pendant cette ultime liaison routière, j’échange quelques mots avec une jeune femme qui m’explique aller chercher des réponses à ses questions sur un « Chemin de Compostelle » de près de trois mois, à pied, entre Le Puy et Saint-Jacques de Compostelle. Mes – nos – prochaines heures à pignon fixe repassent soudainement en catégorie « Promenade du dimanche »…
BIANCHI et son bât (Citizen de CHROME) trouvent place dans le coffre du Mercedes et je m’assieds non loin d’eux pour une dernière heure d’itinéraire de regroupement. Pendant cette ultime liaison routière, j’échange quelques mots avec une jeune femme qui m’explique aller chercher des réponses à ses questions sur un « Chemin de Compostelle » de près de trois mois, à pied, entre Le Puy et Saint-Jacques de Compostelle. Mes – nos – prochaines heures à pignon fixe repassent soudainement en catégorie « Promenade du dimanche »…
11H30, me voilà « à pédale d’œuvre »
devant la gare SNCF du Puy-en-Velay. Je regarde s’éloigner l’inconnue vers son
inconnu, ce pèlerin à qui j’ai sûrement donné le tout premier cadeau d’une
« longue route » (5) vers le Sud : le sticker de notre voyage
entre LE PUY et ALES. Un voyage qui me paraît immense et pourtant si modeste en
regard du sien. Trois mois, seule, avec pour bagages un sac à dos et toute
« la casse » d’une vie d’avant à évacuer…
12H00 : Le train de Simon arrive du Nord.
Il grelotte et endosse donc rapidement le maillot CHILKOOT blanc à bande
tricolore frappé du dossard 67 et dessiné spécialement pour ce prologue.
12H45 : nous attaquons les premières pentes – soutenues – pour nous
extraire du fond du Puy. Cap au Sud-Est, en direction de Brives-Charensac et du
Monastier-sur-Gazeille par la D15 puis par la D535. Ça grimpe et il me faut vite
quitter veste et bonnet : c’est déjà la surchauffe ! Après avoir
basculés en fond de vallée de Gazeille, débute la longue et progressive
remontée jusqu’au Monastier. Ville fantôme à l’heure du déjeuner à moins que ce
ne soit la sieste du samedi, nous traversons le bourg silencieux où Robert
Louis Stevenson fit l’acquisition de son ânesse « Modestine », celle
qu’il allait tout d’abord maltraitée avant d’affectionner au point de
verser quelques larmes sur la route d’Alès après l’avoir revendue à
Saint-Jean-du-Gard au terme de son voyage. Dès la sortie du Monastier, on
poursuit les montagnes russes, direction Saint-Martin-de-Fugères et Goudet.
Les
paysages sont superbes. Pour moi et contre toute attente, les problèmes ou
plutôt l’angoisse se manifestent dans les premiers mètres de la côte d’Ussel,
stoppé net par un vent aussi soudain que violent. La panique s’installe alors
que je vois filer Simon, loin devant en 46/17 moi qui suis en 44/22… KM 32,
c’est déjà le KO. Les mains en bas du guidon, j’arrache le BIANCHI mètre par
mètre en direction du plateau de Costaros. Au calvaire d’Ussel, je mesure le
calvaire dans lequel je me suis élancé sans le moindre échappatoire. Pas de
voiture d’assistance, plus de gare et la Chilkootmobile est hors d’atteinte (6)
stationnée très loin au Sud en gare d’Alès le matin même. Je propose à Simon de
parcourir seul le triangle du Bouchet-Saint-Nicolas de l’itinéraire originel de
Stevenson pendant que je filerai droit vers Landos histoire de me refaire une
santé. Simon préfère que nous poursuivions ensemble. Nous amputons donc le
tracé originel d’une dizaine de kilomètres et filons droit sur Landos via la
N88 puis la D88. Pour Simon, cela file vite. Pour moi, cela pioche. J’entame
alors une longue et rectiligne procession esseulé à l’arrière alors que Simon
et son VIVALO poursuivent à vive allure ! Point de bascule au Col du Rayol
– 1240 M - (pas Canadel) où Simon a pris soin d’apposer un sticker Uncoasting
Basterds, son Team, vers Pradelles puis Langogne et la santé qui revient à
l’aide d’une longue et sinueuse descente jusqu’au creux de la vallée de
l’Allier. C’est un Simon frigorifié que je retrouve à l’entrée de Langogne. Le
moral revient d’autant que désormais j’ai l’avantage de connaître le parcours
jusqu’à Alès (à l’automne 2009, j’avais réalisé à VTT – avec remorque – un
LANGOGNE – VILLEFORT suivi d’un BLEYMARD – ALES en Touran).
Langogne derrière
nous, nous obliquons à gauche pour traverser
vers l’Est le splendide et sauvage massif de la forêt de Mercoire. Les
montagnes russes se poursuivent et creusent même leurs courbes au point de
devoir mettre pied à terre et de pousser le BIANCHI dans le raidard à la sortie
du Cheylard-L’Evêque puis dans la remontée vers L’Espradels. Vient ensuite la
belle et sinueuse descente sur Luc et son château. La neige est encore présente
par plaques sur les bas-côtés et dans les prairies avoisinantes. Le ciel a viré
au gris monochrome et le froid se fait piquant alors que le jour commence son
déclin. Toujours à l’arrière, je retrouve Simon et enlace Thierry Saint-Léger à
la Bastide-Puylaurent. Secrètement, je me réjouis de retrouver enfin Thierry
car je sais qu’il saura trouver un rythme plus adapté à mon niveau que celui
imprégné depuis le Puy par le fougueux et rapide Super Simon. Laissant derrière
nous la Bastide et sans avoir fait halte malheureusement à la Trappe de
Notre-Dame-des-Neiges, nous poursuivons la remontée de la vallée de l’Allier
jusqu’à Chasseradès avant de plonger sous le viaduc de Mirandol.
Nous voilà
désormais au pied du premier gros « chantier » : la traversée du
Goulet depuis L’Estampe ou 8 km d’ascension d’une montagne de solitude. A
partir de là, plus un hameau, plus une âme qui vive jusqu’au Bleymard. J’invite
Thierry et Simon à aller de l’avant pendant que je grimperai à mon rythme. Très
vite, dès la sortie de L’Estampe, je me retrouve seul entre chiens et loups. La
luminosité tombe peu à peu jusqu’à ce que la pleine lune – bienveillante – ne
prenne le relais. Le « Voyage au bout de la nuit » (1) commence. Tout
d’abord inquiétant, puis angoissant, il devient ensuite oppressant avant de
basculer finalement dans le transcendant. Alors que ma transhumance arrive au
sommet du Goulet, je mesure toute l’intensité du fameux « No pain, No
gain ». Je le mesure d’autant plus que quelques heures plus tôt, je
demandais par SMS à Thierry que la voiture le conduisant à notre rencontre de
Florac à La Bastide veuille bien m’attendre pour me convoyer – épuisé – de La
Bastide au sommet du Col de Finiels. Finalement, Thierry s’étant fait déposer
au Bleymard et étant venu à Fixie jusqu’à La Bastide, mon échappatoire à moteur
n’avait jamais pu exister et Le Goulet était devenu une obligation.
D’obligation, il venait de devenir une révélation et c’est tout sourire que je
plongeais à présent vers les lueurs du Bleymard, six kilomètres plus bas, pour
rejoindre mes deux compagnons de voyage et le ravito déposé sur place par
Thierry.
20H30. BIANCHI soigneusement adossé en
terrasse, j’entre nauséeux dans La Remise (Le Bleymard) où Simon et Thierry ont
trouvé refuge, au chaud. C’est salle hors-sac, autour d’un café, de bananes,
d’un sandwich made in Florac, de coca et de cacolac. Simon et Thierry
poursuivent leur discussion fixée pendant que j’essaie de m’extirper d’un état
comateux. Je mâche, remâche, reremâche chaque bouchée de mon sandwich. Je sais
qu’il me faut manger pour retrouver la force d’affronter le second chantier de
la nuit : le col de finiels ou l’exigeant franchissement du Mont Lozère
entre Le Bleymard et le Pont-de-Montvert. Entre deux bouchées espacées, je
demande à Thierry de négocier avec les locaux – en nombre au comptoir – une
voiture pour me déposer au sommet. Là encore, pas d’échappatoire à moteur. Il
va me falloir poursuivre, courageusement. Les nausées disparaissent et vers
21H30, nous nous élançons dans le froid, à la lueurs de nos frontales PETZL
(quoi de mieux ?) en direction de la station du Mont Lozère. Une fois
encore, Simon et Thierry prennent rapidement de l’avance. Je les suis à
distance en relevant parfois la tête du guidon et apercevant la lueur de leur
lampe.
Dans les lacets de Malavieille, bêlements et aboiements donnent à ma
procession solitaire une dimension angoissante. Les encouragements à distance
de Thierry m’aident à franchir « le côté obscur de la Force » (7).
Recoca à l’abri du vent au Chalet du Mont Lozère et la conviction que le plus
dur est fait. Viennent ensuite le raidillon d’accès au plateau sommital du Mont
Lozère et une traversée entre des murs de neige s’élevant jusqu’à 1M20. La pleine
Lune illumine notre Voyage au bout de la nuit et chacun y va de son
qualificatif tant l’instant est magique. « Biking is life » ! Le
vélo c’est la vie, c’est ce que nous ne cessons de nous dire à cette heure improbable
à laquelle nous traversons, seuls, ces hautes terres cévenoles.
A l’approche du
col de Finiels (1541 M), le vent du Nord redouble de puissance comme pour mieux
nous faire basculer vers le Sud et la vallée du Tarn. Au col, Simon s’essaie au
Kite-Bike, tentant d’enfiler sa veste coupe-vent en prévision de la longue
descente de 12 KM qui nous ouvre les bras jusqu’au Pont-de-Montvert (945 M).
J’immortalise l’instant avec mon Nikon D5 et pense à l’Ami-Artiste BEREFLEX qui
nous aurait sorti des photos dont il a le secret. Je me dis que faute de
photos, j’essaierai plus tard de trouver les mots…
22H45. « Ça balance pas mal » (8)
dans la descente. Nous traversons tour à tour les hameaux de Finiels puis de
Prat-Souteyrant avant d’apercevoir les premières lueurs du Pont-de-Montvert.
« C’est encore loin Florac ? ». Thierry tente de joindre
« la famille d’accueil » pour annoncer notre arrivée et programmer la
mise sur le feu d’une soupe maison. On cafouille et voilà le BlackBerry bloqué.
L’iPhone de Simon vient au secours et nous filons à bon train descendant sur la
D998 en direction de Florac via La Vernède, Cocurès et Bédouès au sortir duquel
Thierry commence à rouler sur la jante : boyau percé ou le fameux
« mordant du silex » cher à notre prédécesseur Robert Louis
Stevenson.
Après avoir bifurqué à gauche au rond poind de la N106, nous entrons
dans Florac puis prenons à droite la D907 en direction de Barre-des-Cévennes.
« C’est encore loin Le Cri du Papillon ? ». Vers minuit trente,
notre « famille d’accueil » nous ouvre les portes. C’est parti pour
une heure trente de frugale pause et repos autour d’une soupe légumes et d’un
cake aux olives Home Made ! On recharge l’iPhone grâce à la Fée
électricité et déjà l’on évoque de futurs « travels » au long cours…
On ne les arrêtera jamais ces futurs Challengers des Alpes ! Thierry en
profite pour remplacer le boyau arrière de son LOOK et voilà l’heure de
repartir.
Deux heures du matin et l’on retend les chaînes en plein milieu de la
route. Pas une voiture, pas un bruit hormis celui des rafales de vent. C’est le
temps de la remontée de la N106 jusqu’à Cassagnas et sa gare ainsi que l’Espace
Stevenson, en contrebas de la nationale, lové au creux de la vallée de la
Mimente. Intrigués mais pas inquiétés par les stickers noirs apposés sur les
panneaux directionnels du Plan de Fontmort et de Saint-Germain-de-Calberte, on
s’arrête net au panneau ROUTE BARRÉE interdisant le franchissement du pont
métallique au-dessus de la Mimente. Et pour cause, ce dernier est en travaux de
restauration ! Nous voilà dans de beaux draps, au-dessus du lit
infranchissable de la rivière. On s’approche, on franchit les barrières
grillagées et finalement nous progressons d’une rive à l’autre via l’échafaudage du
chantier. Ma guidoline gauche en sort tout ébouriffée.
Le pont – ou plutôt ce
qu’il en reste – franchit, s’offre à nous désormais ce que je sais être la
dernière grosse difficulté de notre voyage : l’ascension du Plan de
Fontmort. Très vite, Thierry et Simon s’échappent. Je m’accroche à l’arrière et
progresse par louvoiements à la lueur de ma précieuse lampe frontale. Dans les
bruits et la sauvagerie de la forêt, je m’attends à voir surgir à tout instant
chevreuil et autre sanglier. Ça bouge. Regroupement au Plan de Fontmort (896 M)
et début de longue, longue, longue descente vers Saint-Germain-de-Calberte. 14
KM de route étroite et sinueuse, puis 10 de plus jusqu’à
Saint-Etienne-Vallée-Française pour mieux mesurer l’engagement du Voyage au
bout de la nuit.
De nouveau en proie à de pénibles nausées je me sens également m’endormir
au guidon. A plusieurs reprises je
redresse la barre, inquiétant un peu plus à chaque embardée mes deux
compagnons. Sous le regard fixe du chat de Saint-Etienne, on s’affale en
terrasse dans les sièges de l'unique bistrot du village.
Pour le café il faudra repasser car il est tout juste 5H00.
On repart donc sans café pour la quarantaine de
derniers kilomètres qui nous séparent d’Alès, terme de nos voyages. Un voyage,
des voyages : le mien certes mais aussi celui de Simon et celui de
Thierry. A vélo, plus encore à pignon fixe, le voyage est collectif mais
également individuel, intérieur. L’endurance et le mental nécessaires pour
rouler respectivement en 44/22, en 46/17 et en 42/17 sur pareil tracé exigent
des moments extrêmement personnels.
Le pignon fixe, c’est l’art de la
complication, comme en haute horlogerie. Le pignon fixe, c’est l’essence même
du vélo de route, c’est l’art du voyage à vélo, sur les traces des pionniers,
sans la moindre possibilité de tricher, pas même avec l’aide d’une dent supplémentaire.
On choisit son ratio et l’on s’y tient. On choisit son vélo et l’on s’élève à
la seule force de ses jambes. Parmi les Fixie Riders il existe trois
catégories principales : « les poseurs, les voyeurs, tous ceux qui
aiment s’faire voir » (9) ; ensuite les urbains adeptes des critériums
et de l’adrénaline horizontale et puis, plus rares, les voyageurs au long
cours. Pour cette dernière catégorie, c’est clairement le goût pour l’effort,
je dirais même le goût pour une certaine souffrance, qui caractérise l’entrée
en religion. L’objectif est de s’élever, dans tous les sens du terme, à l’image
d’une Vie.
06H30 en ce dimanche 16 mars 2014. J’ai laissé
filé Thierry et Simon à vive allure vers Alès afin que ce dernier puisse
accrocher le TER de 08H46 à destination de Clemont-Ferrand. Sur les hauteurs de
Saint-Jean-du-Gard et alors que j’escalade la D50 en direction de Mialet, je
repense aux larmes versées ici-même par Robert Louis Stevenson dans le coche
qui le menait à Alès.
Il avait « perdu
Modestine » (3). « Pendant
douze jours nous avions été d’inséparables compagnons ; nous avions
parcourus sur les hauteurs plus de 120 kilomètres, traversé plusieurs chaînes
de montagnes considérables, fait ensemble notre petit bonhomme de chemin avec
nos six jambes par plus d’une route rocailleuse et plus d’une piste
marécageuse. Après le premier jour, quoi que je fusse hautain dans mes
façons, j’avais cessé de m’énerver. Pour elle, la pauvre âme, elle en était
venue à me considérer comme une providence. Elle aimait manger dans ma main.
Elle était patiente, élégante de formes et de couleur d’une souris idéale,
inimitablement menue. » … « Le père Adam pleura quant il me la
vendit. Quand je l’eus vendue à mon tour, je fus tenté de faire de même. Et
comme je me trouvais seul avec le conducteur du coche et quatre ou cinq braves
jeunes gens, je n’hésitai pas à céder à mon émotion. » (3)
À mon tour, alors que j’entrai vers 08H15 dans
Alès après en avoir bavé de Générargues à Saint-Jean-du-Pin, je n’hésitai pas à
céder à mon émotion. Nous en avions terminé avec nos Fixies, avec ce prologue
et cette camaraderie si intense que seul pareil voyage sait générer. Chacun
devait penser déjà au chemin du retour, à la vie sédentaire, à la vie sans
Modestine (3).
LE PUY – ALÈS : Un Voyage au bout de la
nuit ou le voyage des Rois. Et pour cause, nous n’avions qu’une seule couronne pour
faire parler la poudre, alors, nous sommes devenus les Rois de la nuit… fixivement.
(1) Voyage au bout de la nuit – un roman de Louis-Ferdinand Céline
(1932)
(2) Ça commence comme un rêve – une chanson de Julien Clerc (1997)
(3) Travels with a Donkey in the Cévennes – un livre de Robert
Louis Stevenson (1879)
(4) Le Mont Ventoux – Bédoin (300 M) > Sommet (1912 M)
(5) La longue route – un livre de Bernard Moitessier (1971)
(6) Hors d’atteinte – un film de Steven Soderbergh (1998)
(7) Star Wars – une épopée cinématographique de Georges Lucas
(1977)
(8) Ça balance pas mal à Paris – une chanson de Michel Berger
(1976)
(9) Paris Latino – une chanson du groupe Bandolero (1983)
* Simon KIRSCHER roule en 46/17,
quel que soit le temps et le relief, à l'image de ses 500 km entre le 24 et le
31 décembre derniers dans le cadre du Rapha Challenge THE FESTIVE 500 (1er
finisher français) ou plus encore lors de ses 12 ascensions en une semaine du
Mont Sainte Odile dans le cadre du challenge RAPHA RISING. Outre différentes «
classiques du Nord-Est », parfois même jusqu'en Allemagne, Simon a inscrit à
son agenda 2014 une « revanche » en mai sur les pentes du Géant de Provence
ainsi qu’un second "Travels" à travers les Alpes entre Evian et Nice
(12-14 juillet), toujours en compagnie du Maître Thierry Saint-Léger, cette
fois sur les traces d'Emile Georget, premier cycliste de l'histoire à avoir
hissé son vélo à pignon fixe en 1911, sans mettre pied à terre, jusqu'au sommet
du Col du Galibier !
** Thierry SAINT-LÉGER roule
en 42/17 (sauf exception) et compte notamment à son actif un Marseille-Paris
(860 km) en moins de 48 heures, un Paris-Brest-Paris (1 230 km) en 85 heures
ainsi qu’un Rome-Paris (1 800 km) en 5 jours et 16 heures. Il a également
participé en catégorie « SOLO » à plusieurs courses de 24 heures dont les 24
HEURES DU MANS VÉLO (20ème du classement 2013 – catégorie Solo –
avec 585 km et 6507 m de dénivelé cumulés sur le Circuit Bugatti à une moyenne
horaire de 24,35 km) et les 24 HEURES DE CAVAILLON (1er du
classement 2012 – catégorie Solo – avec 504 km parcouru sur le vélodrome
Lombard à une moyenne horaire de 20,99 km). Outre différentes « classiques du
Sud » et le R.P.E (Raid Provence Extrême), Thierry Saint-Léger a d’ores et déjà
inscrit à son agenda 2014 un voyage d’une toute autre envergure entre
Evian-les-Bains et Nice ou la première Grande Traversée des Alpes…à pignon fixe
!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire