Le
week-end dernier c’était classe « Gran Turismo ».
Et pour
cause, voilà près d’un an, de retour de Rolle (petite commune sur la rive
suisse du lac Léman), j’avais poussé la porte du Vélosophe qui n’était encore à
l’époque qu’une modeste cabane lovée dans le jardin d’une noble demeure de la
très chic commune de Chambésy. Avec le Maître des lieux, Damien Bisetti, nous
avions alors parlé passion, c’est à dire vélo, beaux vélos et tout
particulièrement ceux en carbone à l’image du Cervélo qu’il était en train de
monter à la carte ou du Chilkoot (frappé
du drapeau suisse !) avec lequel il avait fait un start & run sur
le Chemin de Roilbot…
Nous
avions aussi parlé Maillot (Vélosophe Bikes Brigade et Chilkoot) et puis du
Tour du Lac de Nuit… A l’heure de mon retour vers la France, j’avais donné
rendez-vous à Damien Bisetti pour la 5ème édition de cet incroyable
« vol de nuit » (1) – limité à 50 participants passionnés de
« la petite reine » - tout autour de cette mer intérieure qu’est le
splendide et envoûtant Lac Léman…
Préinscrit
un an à l’avance, histoire d’être sûr de décrocher l’un des 50 précieux sésame,
le rêve d’être l’un des très privilégiés « Swiss Moon Riders » s’est
progressivement transformé en réalité.
Inscrit
courant mai au rang des 25 premiers «
Moon Riders Registered » (aux côtés de Thibault, mon Maître Fixie)…
…je
pouvais enfin prendre la route de Grand Tourisme (depuis Saint-Tropez et
Hyères !), au matin du samedi 29 juin 2013, à destination de Genève et de
la Plage du Reposoir (Chambésy).
Après
avoir bravé (en voiture…) d’interminables embouteillages dans la très chargée
vallée du Rhône, j’arrivais enfin à destination : la Plage du Reposoir…
Après le
bleu azur du ciel de la French Riviera et ses 30°, l’accueil de la Swiss
Riviera est tout autre : gris (il a plu toute la journée) et 10 petits
degrés !
Confortablement
installé sur la terrasse couverte, je déguste une bière Vélosophe bien fraîche
en attendant d’être rejoint par mon coéquipier du CHILKOOT RACING pour ce 5ème
Tour du Lac de Nuit. Thibault Lataillade arrive – à vélo ! – de Genève
après avoir « essuyé » une crevaison au carrefour de l’OMC
(Organisation Mondiale du Commerce). Si j’arrive en voiture de la Côte d’Azur,
lui est arrivé la veille de Paris.
Du
« Gran Turismo » pour Fixie Riders acharnés ! Pizza et Penne
englouties, nous courrons jusqu’à la Chilkootmobile pour vérifier la pression
des pneus et endosser nos maillots CHILKOOT Born To Ride Limited Edition (N°42
– Thibault et N°89 – Luc). Vient alors le temps de remettre la décharge de
responsabilité, de signer la « Start List » et d’écouter le briefing de l’Organisateur Damien
Bisetti : nous y sommes, nous en serons !
22H00 –
Samedi 29 juin 2013 : le peloton d’une cinquantaine de « Moon
Riders » s’élance en direction de l’école de Chambésy. Ça monte et déjà
nous pensons avec Thibault à la redescente…sur chaussée humide. Si mon BIANCHI
Pista est sagement équipé d’un frein avant, le COLOMBUS de Thibault est
brakeless…
A 22H30
précises (nous sommes en Suisse !), le départ est donné par Monsieur le
Maire de Chambésy et les élèves au sortir de leur Fête de fin d’année.
La
descente jusqu’à la Route de Lausanne se passe sans encombre et le peloton
prend forme, encadré à l’avant et à l’arrière par deux Volkswagen Caravelle à
gyrophare orange et sécurisé en latéral par trois scooters qui vont –
s’arrêtent aux intersections et feux (rouges !) – et viennent au gré de
notre progression. Peu après avoir traversé Rolle et à l’approche de Morges,
quelques gouttes de pluie viennent troubler la sérénité d’un peloton qui roule avec
discipline à une moyenne de 30 km/h sur une chaussée humide. Inutile de
préciser qu’avec nos fixies, nous redoublons de vigilance afin d’anticiper tout
freinage inopiné. Alors que nous redoutions un rythme trop soutenu des
« routiers », nous trouvons Thibault et moi-même notre confort au
sein d’un peloton que nous remontons à l’approche des côtes modérées qui
jalonnent le tracé, rythme oblige. Thibault, concentré, gère son effort faute d’un
entraînement suffisant. Pour ma part, heureux de participer à cet événement
tant attendu, j’enroule les kilomètres sans fatigue ni inquiétude quant à ma
capacité à boucler le tour de 167 kilomètres.
Au gré
des positions dans le peloton, on discute avec son voisin de choses et d’autres.
Traversée de Morges à 12 heures (minuit) tapantes au clocher de l’église. Souvenirs d’un 1er août (Fête nationale Suisse) passé sur place… Plus loin, ce sont les faubourgs de Lausanne et puis le siège de Nespresso, « What else ? » et déjà le premier arrêt aux stands (à hauteur du Château d’Ouchy ) pour un ravitaillement.
Traversée de Morges à 12 heures (minuit) tapantes au clocher de l’église. Souvenirs d’un 1er août (Fête nationale Suisse) passé sur place… Plus loin, ce sont les faubourgs de Lausanne et puis le siège de Nespresso, « What else ? » et déjà le premier arrêt aux stands (à hauteur du Château d’Ouchy ) pour un ravitaillement.
Viennent
ensuite les traversées de Vevey (Salutations Charlie Chaplin !), de
Montreux et sa jeunesse festive tout de blanc vêtue…avant le noir obscur du
« bout du lac » et le second arrêt au stand.
Le
peloton repart à présent vers le poste frontière de Saint-Gingolph et cela
commence à être dur pour Thibault (en 48x17 brakeless) alors que l’on franchit
la barre des 100 kilomètres cumulés. Meillerie puis Lugrin (souvenirs là encore
de quinze jours passés en villégiature sur les rives du Léman à l’été 2005),
Evian et ses fêtards noctambules et funambules au milieu de la chaussée,
bouteille à la main ! « C’est ça la France ! » (2), comme
en écho à une jeunesse de Lausanne ou de Montreux plus en retenue…
Au sein du peloton des gilets jaunes, cela tourne à l’eau claire et le rythme se renforce à l’approche du dernier arrêt au stand de Thonon-les-Bains. De cet arrêt, Thibault ne repartira pas sur deux roues mais sur quatre, raisonnablement installé en siège passager du Volkswagen Caravelle de tête de convoi. La fatigue et le manque d’entraînement auront eu raison du colosse à casquette et casque à boudins…
Au sein du peloton des gilets jaunes, cela tourne à l’eau claire et le rythme se renforce à l’approche du dernier arrêt au stand de Thonon-les-Bains. De cet arrêt, Thibault ne repartira pas sur deux roues mais sur quatre, raisonnablement installé en siège passager du Volkswagen Caravelle de tête de convoi. La fatigue et le manque d’entraînement auront eu raison du colosse à casquette et casque à boudins…
Loin de
renoncer, je reprends ma place au sein du peloton pour la quarantaine de
kilomètres qui restent à parcourir jusqu’à Chambésy. Je passe plutôt bien le
très long faux plat tant redouté qui s’élève jusqu’à Douvaine, un temps même en
tête de peloton, mais l’accélération brutale déclenchée à la sortie du village
par le puissant et endurant Damien Bisetti aux commandes de son Cervélo a
brutalement raison de mon mental.
Je perds subitement mes jambes alors que cela continu de monter, tout droit, et glisse peu
à peu en « lanterne rouge » d’un 5ème Tour du Lac de Nuit
qui s’est transformé à l’approche du « bercail » en une course contre
la montre (Thibault – dans le Volkswagen de tête – me dira à l’arrivée que
« cela roulait derrière le véhicule à près de 60 km/h au compteur… »).
Un temps
je m’accroche et essaye de suivre le rythme des derniers Moon Riders – ou
presque – à me dépasser puis décroche, sans plus de jambes, dépité mais
raisonné : « Comme ce Tour du Lac de Nuit a été un régal…même s’il me
faut le finir seul, loin, très loin des premiers… ».
Alors que je pense être désormais seul et bon dernier, deux Moon Riders me rejoignent de l’arrière. L’un d’entre eux prend même un relais et je me cale dans sa roue histoire de me refaire une santé. Le brouillard est soudainement tombé, comme pour mieux nous accabler d’une solitude pesante alors qu’au loin disparaissent les dernières lueurs rouges des feux arrières des plus rapides. Le rythme de mon providentiel relayeur décline peu à peu. Pas d’autre choix que de prendre à mon tour un relais. Je tente de recoller à l’avant avec un autre cycliste décroché et perds mon compagnon d’infortune (j’apprendrai plus tard qu’il s’est arrêté pour monter dans la voiture balai – « serious respect » quand on sait que le garçon en question était encore il y a un an dans un fauteuil roulant suite à un très grave accident de moto et que les médecins n’étaient pas certains qu’il puisse remarcher un jour -).
Alors que je pense être désormais seul et bon dernier, deux Moon Riders me rejoignent de l’arrière. L’un d’entre eux prend même un relais et je me cale dans sa roue histoire de me refaire une santé. Le brouillard est soudainement tombé, comme pour mieux nous accabler d’une solitude pesante alors qu’au loin disparaissent les dernières lueurs rouges des feux arrières des plus rapides. Le rythme de mon providentiel relayeur décline peu à peu. Pas d’autre choix que de prendre à mon tour un relais. Je tente de recoller à l’avant avec un autre cycliste décroché et perds mon compagnon d’infortune (j’apprendrai plus tard qu’il s’est arrêté pour monter dans la voiture balai – « serious respect » quand on sait que le garçon en question était encore il y a un an dans un fauteuil roulant suite à un très grave accident de moto et que les médecins n’étaient pas certains qu’il puisse remarcher un jour -).
A
l’approche du carrefour de Cologny, je me fais doubler par la dernière (l’une
des deux Moon Rideuses de cette 5ème édition du Tour du Lac de Nuit)
et devient officiellement « la Lanterne Rouge »… Je voudrais m'arrêter quelques minutes pour boire un Coca, manger une barre de céréales mais la voiture balai est là, derrière moi, à 25 km/h...je m'accroche pour finir...
« C’est
beau une ville la nuit » (3) ou Genève et ma traversée, « à l’arrêt », du pont
du Mont-Blanc qui enjambe le Rhône. Remontée des quais puis réelle remontée
(« Dieu que c’est dur ! ») pour rejoindre la Route de Lausanne et la
Plage du Reposoir. J’arrive enfin au parking et à la Chilkootmobile. C’est la ligne
d’arrivée, nous sommes dimanche 30 juillet et il est 05H15 soit un temps de 6H45 (3 arrêts compris) pour boucler ce 5ème et merveilleux Tour du
Lac de Nuit.
Un dernier cliché instagram alors que le jour se lève et puis c’est le temps du café et des viennoiseries au
Reposoir, le bien-nommé…
06H30,
je dépose Thibault et son vélo à son hôtel genevois avant de poursuivre la
route vers mes « Terres de Vaucluse », quelques 410 kilomètres plus
au Sud.
Des 24
HEURES DU MANS au 8 HEURES DU LÉMAN, il n’y avait qu’un pignon fixe, N°89...
« Racing
is life, anything that happens before or after is just waiting » (4)
C'est quand la prochaine course ? L'attente du 6ème Tour du Lac de Nuit commence...
(1) Vol
de nuit – un roman d’Antoine de Saint-Exupéry - 1931
(2)
C’est ça la France – une chanson de Marc Lavoine – 1996
(3)
C’est beau une ville la nuit – un film de Richard Bohringer – 2005
(4)
Citation de Steve McQueen – Le Mans – un film de Lee H. Katzin - 1971
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